SINDBAD

De : Zoltán Huszárik

HONGRIE, 1971, PAL,
2, COULEUR,
13.00 €


En 1970, Latinovits, acteur principal, trouve son meilleur rôle, celui de Sinbad dans le film de Zoltán Huszárik. Œuvre nostalgique, sensuelle, généreuse, traduisant un grand appétit de vivre en même temps qu'une profonde mélancolie, "Sinbad" marque la rencontre entre deux esprits, à savoir Latinovits et Huszárik (les deux hommes connaîtront d'ailleurs une fin dramatique). Cette collaboration restera sans lendemain. Dans ce film, il joue avec sa compagne, l'actrice Éva Ruttkai, avec qui il forme un couple célèbre auprès du public hongrois.

Diplômé de l'école supérieure de théâtre et de cinéma de Budapest en 1962, Zoltán Huszárik illustre une tendance du cinéma hongrois qui puise ses racines dans l'art pictural. Peintre et dessinateur, il considère ses films comme l'aboutissement de son travail plastique. Sa filmographie, brève mais néanmoins significative, se nourrit également d'"aspects très profonds de la tradition nationale". (Mira et Antonin Liehm, Les cinémas de l'Est de 1945 à nos jours, Les éditions du Cerf) Ainsi, son premier court métrage, Elégie (1965), se présente comme un poème visuel sur le cycle de la vie et de la mort de l'un des anciens symboles de la Hongrie, le cheval. Cette réalisation lui vaut une réputation internationale.
Dans Sindbad (Szindbád) (1971), son premier long métrage, Zoltán Huszárik ressuscite le héros des nouvelles de l'écrivain symboliste Gyula Krudy dont le thème central pourrait s'énoncer ainsi : "La vie ne vaut pas qu'on en parle." (G. Krudy, "Sindbad ou la nostalgie", traduit par J.Clancier, I.Virag, F. Gachot, Editions La Baconnière / "N. N." traduit par I. Virag, Editions La Baconnière). Csontváry (1980) est un émouvant hommage au peintre naïf hongrois, Tivadar Kosztka Csontváry (1853-1919).
"Expression de la personnalité singulière de son auteur, l'oeuvre de Huszárik est unique dans le cinéma hongrois." (Mira et Antonin Liehm, op. cité)

Zoltan HUSZARIK est né à Domony, le 14 mai 1931.
Elevé seul par sa mère après la mort de son père survenue alors qu'il a deux ans, il connaît une enfance difficile. Il hésite entre les arts plastiques et le cinéma. Il entre à l'école du cinéma et des arts mais en est expulsé en 1952 pour des raisons politiques. A nouveau admis en 1959, il signe plusieurs courts métrages anticonformistes dont Le Jeu qui montre une partie d'échecs dans une prison ou Grotesque sur un artiste narcissique voyageant en train. Entré au studio Balasz, il signe Elegia, court métrage expérimental annonciateur d'un nouveau style dans le cinéma hongrois. Ce poème filmé, allégorie de la destinée humaine, va influencer tout le cinéma de son pays. Son premier film Sinbad est une adaptation raffinée d'une nouvelle de Gyula Krudy qui s'attache à un coureur de jupons, brillamment interprêté par Zoltan Latinovits, à la recherche de son premier amour perdu. Il tourne à nouveau plusieurs courts métrages dont une évocation de sa propre mère dans Hommage à de vieilles dames et écrit une biographie de Tivadar Csontvary, un peintre qu'il admire et adapte le rôle pour Latinovits. Hélas, le suicide de l'acteur compromet le projet. Il finit par réaliser Csontvary en 1980 mais la construction bancale et l'état d'esprit du cinéaste, dépressif et alccolique, nuisent à la valeur de cette œuvre ultime. Huszarik ne se remettra pas du rejet sans appel du public et de la critique et se suicide à l'âge de cinquante ans. Son œuvre rare continue cependant à être admirée en Hongrie.
Zoltan Huszarik est décédé à Budapest, le 15 octobre 1981.